L'équipe d'Éthiopie de football, surnommée les Walya (du nom du Walya ibex, le bouquetin d'Abyssinie) est constituée par une sélection des meilleurs joueurs éthiopiens sous l'égide de la fédération d'Éthiopie de football et représente le pays lors des compétitions régionales, continentales et internationales depuis sa création en 1947. Les Antilopes Walya, comme on les appelle dans le pays, disputent leurs rencontres à domicile au stade d'Addis-Abeba, situé dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba. Les Éthiopiens ont achevé l'année 2016 au 112e rang mondial selon le classement FIFA. L'équipe est entraînée de à par l’Éthiopien Sewnet Bishaw. Sous sa direction, la sélection nationale s'est qualifiée pour la phase finale de la Coupe d'Afrique des nations de football 2013, une compétition dont elle était absente depuis trente-et-un ans.

C'est l'une des trois équipes (avec le Soudan et l'Égypte) à prendre part à l'édition inaugurale de la Coupe d'Afrique des nations en 1957. L'Éthiopie a remporté l'édition 1962, disputée à domicile mais n'a plus eu de résultats probants dans la compétition depuis la fin des années 1960.

History

Genèse de la sélection nationale et premières participations à la CAN (1950-1959)

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale et le départ des troupes italiennes du pays, l'équipe nationale éthiopienne voit le jour à l'occasion de sa première rencontre le en battant une sélection de la Somalie française sur le score de cinq buts à zéro. La fédération se développe en même temps, sa structure étant directement inspirée de celle du plus ancien et meilleur club éthiopien du moment, le Saint-George SA, fondé quinze ans plus tôt. Ainsi, la très grande majorité des joueurs appelés en sélection évolue à Saint-George et l'entraîneur de ce club fait souvent office de sélectionneur. Le choix des joueurs appelés se fait grâce à un comité de sélection, présidé par Ydnekatchew Tessema, qui est instauré dès 1950. Cet organe va exister jusqu'en 1976 et établir pour chaque match ou grande compétition la liste des joueurs appelés à porter le maillot de l'équipe nationale.

Au début des années 1950, l'Éthiopie affronte, lors de matchs non officiels, des équipes étrangères, dont des clubs. Elle rencontre ainsi les Suédois de l'IFK Norrköping (première formation étrangère à venir jouer en Éthiopie) en 1950 ou le club grec de Panionios en 1952, avant de partir faire une tournée en Europe. Toujours en 1952, la fédération éthiopienne de football (EFF) s'affilie à la FIFA. L'année suivante, l'Éthiopie incorpore l'ancienne colonie italienne d'Érythrée, l'intégrant totalement dans sa structure footballistique : les clubs érythréens sont autorisés à prendre part au championnat national et les joueurs originaires d'Érythrée deviennent sélectionnables en équipe d'Éthiopie.

En 1956, sous l'impulsion de son capitaine, Ydnekatchew Tessema, devenu dans le même temps dirigeant de la fédération et fervent défenseur de l'Olympisme, la fédération inscrit son équipe aux éliminatoires du tournoi des Jeux olympiques de Melbourne. Le tirage au sort attribue comme adversaires l'équipe d'Égypte, lors d'un affrontement en matchs aller-retour disputé en , le vainqueur de ce duel se qualifiant directement pour les Jeux. Le match aller constitue la première rencontre officielle des deux formations, et ce sont les Égyptiens qui décrochent leur billet, à la suite de deux larges succès (4-1 à Addis-Abeba, 5-1 au Caire).

L'édition inaugurale de la Coupe d'Afrique des nations de football est organisée du 10 au à Khartoum au Soudan. La sélection éthiopienne est invitée à y participer, en compagnie des sélections soudanaise, égyptienne et sud-africaine, regroupant ainsi les quatre nations fondatrices de la confédération africaine de football, qui voit le jour quelques mois plus tôt. Le premier match des Walyas dans cette nouvelle compétition les oppose en demi-finale aux Sud-Africains tandis que l'autre demi-finale voit s'affronter Égyptiens et Soudanais. Cependant, l'Éthiopie va obtenir une qualification automatique pour la finale, à la suite de l'exclusion de la délégation sud-africaine, en raison de sa politique d'apartheid (la fédération sud-africaine souhaitait aligner une équipe composée entièrement soit de Blancs ou soit de Noirs mais refusait d'engager une équipe mixte). Cette décision va provoquer des sanctions sans appel de la part des autres membres de la CAF, qui mettent au ban du football africain la sélection ainsi que les clubs d'Afrique du Sud. En finale, l'Éthiopie retrouve l'Égypte et s'incline à nouveau, comme lors des éliminatoires des Jeux olympiques, par quatre buts à zéro à la suite d'un quadruplé de Mohamed Ad-Diba.

Lors de l'édition suivante, disputée en République arabe unie en , l'Éthiopie retrouve les deux autres sélections des pays fondateurs. Cette fois-ci, c'est sous forme de poules que se dispute la compétition. Les hommes du sélectionneur tchécoslovaque Jiri Starosta s'inclinent lourdement lors de la première rencontre face à la République arabe unie sur le score de quatre buts à zéro. Le deuxième match est également perdu contre les Soudanais par un but à zéro. Les Éthiopiens terminent à la 3e et dernière place, sans avoir réussi à marquer un seul but.

Une autre dimension sportive (1961-1962)

L'année 1961 marque un tournant dans l'histoire de la sélection éthiopienne. Pour la première fois, l'équipe est engagée dans les éliminatoires de la Coupe du monde. Lors de ces qualifications, le tirage au sort place les Éthiopiens dans le groupe 7 de la zone Europe, qui compte quatre autres équipes : trois d'Europe (l'Italie, la Roumanie et Chypre) et une du Proche-Orient, l'Israël, à l'époque affiliée à la Confédération asiatique. L'équipe du sélectionneur yougoslave Slavko Milošević entre en lice au deuxième tour face aux Israéliens, vainqueur de Chypre au tour précédent, lors d'un duel en deux matchs, disputés en en Israël. La première rencontre, jouée au stade Ramat Gan de Tel Aviv les voit s'incliner sur le plus petit des scores, à la suite d'un but de Yehoshua Glazer. La deuxième rencontre, au stade national d'Haïfa, tourne une nouvelle fois à l'avantage des Israéliens, vainqueurs trois buts à deux, après que les Éthiopiens sont parvenus à revenir deux fois au score (buts de Metaferia et Luciano Vassalo). Ce deuxième revers est synonyme d'élimination pour la Coupe du monde de football 1962 disputée au Chili.

Le onze face à la République arabe unie en finale de la CAN

Gila-Michael Tekle-Mariam - Kiflom Araya, Asmelash Berhe, Awad Mohammed - Tesfaye Gebremmedhin, Luciano Vassalo, Behre Goitom - Girma Tekle, Mengistu Worku, Italo Vassalo, Getachew Wolde

Prévue initialement en 1960 mais reportée au mois de (à la suite du coup d'État manqué contre l'empereur Hailé Sélassié en mais aussi pour permettre la rénovation du stade d'Addis-Abeba), l'Éthiopie accueille la troisième édition de la Coupe d'Afrique des nations. Cette édition est la première comportant des éliminatoires, dans lesquelles les Éthiopiens sont également engagés car le report de la compétition a entraîné une incertitude quant à son organisation effective à Addis-Abeba. Alors que l'Éthiopie obtient sa qualification face au Kenya, le comité directeur de la CAF prend finalement la décision de lui attribuer l'organisation de la CAN 1962, permettant ainsi sa qualification automatique et le repêchage des Kényans pour la suite des éliminatoires.

À Addis-Abeba, les Antilopes Walyas comptent sur le soutien de leur public pour tenter de détrôner la République arabe unie, sacrée lors des deux précédentes éditions. Après avoir battu la sélection tunisienne (qui participe là à sa première Coupe d'Afrique) sur le score de quatre buts à deux en demi-finale, l'Éthiopie remporte la compétition grâce à une victoire en finale, à nouveau face à la République arabe unie, après les prolongations. Mengistu Worku et l'Égyptien Abdel Fattah Badawi marquent chacun trois buts, mais c'est Worku qui reçoit le titre de meilleur buteur. C'est à ce jour le plus grand exploit réalisé par la sélection éthiopienne, emmenée par son capitaine Luciano Vassalo et entraînée par Ydnekatchew Tessema ainsi que le Yougoslave Slavko Milošević. Les Éthiopiens prennent ainsi leur revanche sur les Pharaons, après plusieurs revers douloureux en compétitions officielles.

Durant l'automne 1962, l'équipe nationale effectue une tournée en Europe où plusieurs sélections sont désireuses d'affronter le champion d'Afrique. Plusieurs matchs, dont certains ne sont pas reconnus par la FIFA dans les bilans officiels, sont ainsi organisés entre septembre et . Les hommes de Milošević rencontrent ainsi les équipes de Yougoslavie (récente demi-finaliste de la Coupe du monde au Chili), de Turquie, de Roumanie B, de France B ou d'Israël, pour une revanche des éliminatoires de l'année précédente. Cette tournée européenne est suivie d'une deuxième série de rencontres amicales, cette fois disputées au stade d'Addis-Abeba et destinées à préparer les Éthiopiens à défendre leur titre continental lors de la prochaine Coupe d'Afrique des nations. Les Walyas affrontent ainsi à nouveau la Turquie, puis la Tanzanie et une fois encore l'équipe B de Roumanie, à chaque fois lors de doubles confrontations espacées de quelques jours.

Tournée européenne et éthiopienne de la sélection nationale en 1962-1963
Date Lieu Match Score
Belgrade Yougoslavie - Éthiopie 5-2
Bucarest Roumanie B - Éthiopie 5-4
Paris France B - Éthiopie 4-0
Tel Aviv Israël - Éthiopie 3-0
Ankara Turquie - Éthiopie 3-0
Ankara Turquie - Éthiopie 4-2
Athènes Grèce - Éthiopie 3-2
Addis-Abeba Éthiopie - Turquie 0-0
Addis-Abeba Éthiopie - Turquie 1-2
1963 Addis-Abeba Éthiopie - Tanzanie 2-0
1963 Addis-Abeba Éthiopie - Tanzanie 4-0
1963 Addis-Abeba Éthiopie - Roumanie B 2-1
1963 Addis-Abeba Éthiopie - Roumanie B 2-4

Le bilan de cette double tournée est plutôt décevant avec trois victoires (toutes à domicile, deux contre les Tanzaniens et une face à l'équipe B de Roumanie), un match nul (à Addis-Abeba face à la Turquie) et neuf défaites.

Sur la lancée du titre continental (1963-1969)

En 1963, lors de l'édition suivante de la CAN, qualifiée d'office en tant que tenante du titre, l'équipe éthiopienne termine à la quatrième place, après avoir perdu 3-0 le match de classement face à l'équipe de République arabe unie. La CAN 1965 est une désillusion pour les Walya, étant éliminés dès le premier tour et terminant derniers de leur poule derrière la Tunisie et le Sénégal avec aucune victoire, un seul but marqué (par Luciano Vassalo face au Sénégal) et surtout neuf encaissés en deux rencontres. La même année, la deuxième campagne de qualification pour la Coupe du monde de l'histoire de la sélection, pour celle de 1966 en Angleterre, tourne court. Comme pour l'ensemble des nations africaines engagées, l'Éthiopie (à l'origine opposée au Gabon) décide de se retirer, pour protester contre la décision de la FIFA de n'attribuer qu'une seule place en phase finale pour l'ensemble des équipes d'Afrique, d'Asie et d'Océanie.

En , l'Éthiopie accueille pour la deuxième fois la Coupe d'Afrique des nations. Après avoir terminé à la première place de son groupe lors du premier tour (à la suite de trois succès face à la Côte d'Ivoire, l'Algérie et l'Ouganda), les Walya s'inclinent en demi-finale face à la sélection du Congo-Kinshasa (2-3 après prolongations) puis perdent le match de classement pour la troisième place face aux Ivoiriens. L'année suivante, l'Éthiopie démarre la campagne de qualification pour le Mondial mexicain en éliminant la Libye (défaite 2-0 à Tripoli puis succès 5-1 au stade d'Addis-Abeba). Au tour suivant, c'est le voisin soudanais qui est sur la route des hommes de Luciano Vassalo, nommé entraîneur principal depuis quelques semaines. Après un match nul accroché en Éthiopie (1-1), ce sont finalement les Faucons de Jediane qui accèdent au tour final grâce à une victoire 3-1 à Khartoum. En fin d'année 1969, l'autre mission du sélectionneur Vassalo est de qualifier les Walyas pour la CAN 1970, organisée au Soudan. Exemptés de premier tour lors du tirage au sort, les Éthiopiens affrontent au second tour la Tanzanie, victorieuse du Kenya au tour précédent. Les deux sélections ne se sont jusqu'alors jamais rencontrées. Vassalo remplit le contrat imposé par ses dirigeants en remportant les deux rencontres, aisément à Addis-Abeba sur le score de sept buts à zéro (la plus large victoire de l'histoire de la sélection en compétition officielle), confirmée deux semaines plus tard à Dar es Salaam (2-1). Cette qualification pour la CAN permet à l'Éthiopie de prendre part à sa septième Coupe d'Afrique des nations consécutive. Elle est d'ailleurs la seule sélection à avoir participé à toutes les éditions depuis la création de l'épreuve en 1957.

Le déclin sportif (1970-1982)

En , la phase finale de la CAN 1970 va virer au cauchemar avec trois défaites en trois matchs, notamment face au pays hôte, le Soudan (3-0) et surtout face à la Côte d'Ivoire sur le score de 6 buts à 1. Seul Mengistu Worku surnage au sein de l'équipe éthiopienne, puisque c'est lui qui marque les trois buts de sa formation durant le tournoi. Le déclin se confirme deux ans plus tard puisque pour la première fois de son histoire, la sélection rate la qualification pour le tournoi final de la CAN 1972, organisé au Cameroun, à la suite de son élimination par l'équipe du Kenya (deux défaites 0-1 et 0-2). En fin d'année 1972, les Walyas démarrent la campagne qualificative pour le mondial allemand avec une confrontation face à la Tanzanie. La qualification se joue lors d'un match d'appui gagné 3-0 après deux matchs nuls, 1-1 en Tanzanie puis 0-0 à Addis-Abeba. Au tour suivant, les Éthiopiens sont éliminés par la Zambie, future participante du tournoi allemand (0-0 en Éthiopie puis défaite 4-2 à Lusaka).

L'année suivante, c'est un nouvel échec pour les Éthiopiens dans les éliminatoires de la CAN 1974, organisée en Égypte puisqu'en , ils sont éliminés par la Tanzanie. Emmenés par l'Allemand Peter Schnittger, ils remportent le match aller disputé à domicile 2 buts à 1 mais s'inclinent deux semaines plus tard en Tanzanie sur le score de 3 à 0.

En , pour la troisième fois, l'Éthiopie est le pays hôte de la Coupe d'Afrique des nations. Malgré le soutien de tout un peuple, les locaux ne terminent qu'à la 3e place de leur poule, derrière la Guinée et l'Égypte. En fin d'année, elle démarre les éliminatoires pour la Coupe du monde 1978, prévue en Argentine. Opposés à l'Égypte, les Éthiopiens sont balayés par les Pharaons, emmenés par leur redoutable buteur Mahmoud Al-Khatib, auteur des cinq buts de son équipe lors des deux rencontres, gagnées par les Égyptiens 3-0 et 2-1.

En 1977, la fédération éthiopienne adhère à la CECAFA (Council for East and Central Africa Football Associations), une des sous-confédérations de la CAF qui regroupe les sélections nationales d'Afrique de l'Est. La sélection ne participe cependant pas à la compétition entre équipes nationales de la sous-confédération avant 1983. Quelques mois plus tard, lors des éliminatoires de la CAN 1978, la sélection éthiopienne bat lors du premier tour l'équipe de l'île Maurice (3-2, 1-0) mais voit sa campagne qualificative s'arrêter au tour suivant face à l'Ouganda. En , les Éthiopiens sont éliminés de la course pour la CAN nigériane, battus dès leur entrée en lice au premier tour par la Libye (défaite 2-1 à Tripoli puis match nul à Addis-Abeba 1-1).

Les dirigeants de la fédération engagent, en 1980, l'ancien attaquant de la sélection Mengistu Worku, avec pour missions de tenter de qualifier les Walyas pour le Mundial espagnol mais aussi pour la phase finale de la CAN 1982 en Libye. Worku manque le premier objectif, la Coupe du monde : opposés à l'équipe de Zambie lors du premier tour, les Éthiopiens arrachent le nul 0-0 à domicile avant de s'effondrer à Ndola 4-0. En revanche, le technicien parvient enfin à qualifier à nouveau l'Éthiopie pour une phase finale de la CAN après quatre échecs consécutifs en éliminatoires, grâce à une qualification acquise par deux fois à l'issue de l'épreuve des tirs au but : au premier tour face au Rwanda (1-0, 0-1) puis au second tour face à la Guinée (2-2, 1-1). La phase finale tourne court, avec une dernière place en poule, derrière l'Algérie, la Zambie et le Nigeria, sans remporter de match ni même marquer de but. C'est le début d'une longue période de mauvais résultats sportifs qui va durer presque vingt ans.

La traversée du désert (1983-2000)

Lors des éliminatoires de la CAN 1984, l'Éthiopie élimine d'abord l'île Maurice au premier tour après la séance des tirs au but puis chute au deuxième tour face au Togo (victoire 2-1 à Addis-Abeba puis défaite 3-0 à Lomé). La sélection éthiopienne déclare forfait pour l'édition 1986 puis abandonne les éliminatoires de la CAN 1988 à l'issue du match aller face à la Tanzanie malgré un succès à domicile 4 buts à 2.

La campagne de la CAN 1990 tourne court puisque les Walya doivent affronter la sélection égyptienne au premier tour et se font sèchement éliminer par les Pharaons avec notamment une défaite 6-1 au match retour. Deux ans plus tard, pour la qualification pour la Coupe d'Afrique 1992, les Éthiopiens terminent derniers du groupe 2 à la suite du forfait de la sélection en cours de compétition. En effet, le , après une défaite à domicile 2-0 face à la Tunisie, la fédération décide de limoger l'ensemble de l'encadrement technique et retire l'équipe nationale de toute compétition pendant 18 mois, jusqu'en . À l'issue de cet arrêt volontaire, l'Éthiopie connaît, lors d'un tournoi amical en Jordanie, la plus large défaite de son histoire en s'inclinant 13-0 face à la sélection irakienne suivie de deux autres défaites (3-2 face au club algérien de l'ES Sétif puis 3-0 contre le Congo).

Pour leur retour en éliminatoires de la CAN (pour l'édition 1994), les Éthiopiens terminent 3e de la poule de qualification, derrière le Nigeria et l'Ouganda. La spirale négative se poursuit puisque lors des deux phases de qualification suivantes (CAN 1996 et 1998), ils finissent à la dernière place de leur poule des éliminatoires. En 2000, l'Éthiopie choisit même de déclarer forfait pour des raisons diplomatiques à la suite du tirage au sort qui lui a désigné comme adversaire l'équipe d'Érythrée, les deux pays ayant des relations tendues depuis l'indépendance de ce dernier vis-à-vis de l'Éthiopie.

Les campagnes de qualification pour la Coupe du monde voient aussi la sélection éthiopienne vivre échecs et désillusions. Que ce soit en 1986 (élimination face au Kenya 2-1, 3-3), en 1990 et 1998 où les Walya ne s'inscrivent même pas aux éliminatoires ou en 1994 (3e de la poule derrière le Maroc et la Tunisie), jamais les Éthiopiens ne paraissent en mesure de s'inviter au tournoi mondial.

Paradoxalement, durant cette période sombre au niveau sportif, la sélection éthiopienne va conquérir un deuxième trophée, en remportant la Coupe CECAFA des nations 1987. Après une première participation en 1983 (terminée sans aucune victoire en phase de poules), le pays accueille la 14e édition de la compétition sur son sol. Après avoir terminé à la deuxième place lors de la première phase (derrière la sélection de Zanzibar mais devant le Kenya et la Tanzanie), l'Éthiopie bat facilement l'Ouganda 3 buts à 0 et s'impose en finale après la séance de tirs au but face au Zimbabwe, alors tenant du titre. L'année suivante, les Antilopes Walya finissent à la 3e place de leur poule de premier tour, derrière la Zambie, future finaliste, et le Zimbabwe. Ils ne participent pas à la compétition entre 1989 et 1991 et en 1992, c'est à nouveau un échec avec une 4e place en phase de poules. Trois ans plus tard, en 1995, l'équipe éthiopienne atteint le dernier carré de la compétition (battue après la séance des tirs au but par la sélection de Zanzibar) pour la première fois depuis 1987 et à nouveau les quarts de finale de l'édition 1999 (battue par l'équipe B du Rwanda).

Des hauts et des bas (2000-2008)

En , opposée au Burkina Faso, la sélection éthiopienne doit prématurément quitter la campagne qualificative pour la Coupe du monde 2002 (2-1 à domicile au match aller, défaite 3-0 au Burkina Faso). L'Éthiopie manque sa qualification pour la CAN 2002, battue lors d'un duel en matchs aller-retour par la Zambie (victoire 1-0 à Addis-Abeba puis défaite 2-0 à Lusaka). Deux ans plus tard, pour l'édition 2004 en Tunisie, les Walya finissent 3e de leur poule, derrière la Guinée et le Niger, laissant échapper leur billet pour la phase finale à l'issue d'une défaite trois buts à zéro à Conakry lors de la dernière journée. En 2005, le premier tour des qualifications pour la CAN et la Coupe du monde est commun, et les Éthiopiens sont éliminés par la sélection du Malawi, avec notamment une défaite 3-1 à domicile lors du match aller. Lors des éliminatoires de la CAN 2008, l'Éthiopie finit dernière de sa poule de qualification, derrière la Namibie, la République démocratique du Congo et la Libye.

Au niveau régional, les résultats sont beaucoup plus reluisants. En effet, l'Éthiopie va remporter à trois reprises la Coupe CECAFA des nations en l'espace de quatre ans. En 2001 au Rwanda, sous la direction d'Asrat Haile, les Éthiopiens s'imposent face au Kenya (2-1). Trois ans plus tard, pour l'édition organisée sur leur sol, ils battent en finale la sélection du Burundi 3 à 0 et récidivent l'année suivante en soulevant une fois encore le trophée après avoir étalé leur puissance offensive tout au long du tournoi (17 buts inscrits en 6 rencontres). Seule la finale reste serrée avec une victoire un but à zéro face au Rwanda.

La principale cause des résultats médiocres de la sélection éthiopienne est l'instabilité chronique sur le banc de touche. Entre 2000 et 2008, les Walya changent onze fois de sélectionneur, dont certains ne vont faire que des passages très rapides, soit pour assurer un intérim, soit en quittant leur poste à peine quelques mois après leur nomination. Ainsi par exemple Asrat Haile a occupé trois fois le poste d'entraîneur principal, remportant tout de même deux coupes CECAFA des nations (en 2001 et 2004). C'est l'arrivée d'Abraham Teklehaimanot, en , qui va permettre de stabiliser l'équipe puisque le technicien va rester près de deux ans à son poste.

Suspension internationale et instabilités (2008-2011)

En , une Commission d'Urgence de la FIFA décide de suspendre la fédération éthiopienne (EFF) qui n'a pas respecté la feuille de route convenue en par la Fédération internationale, la CAF et la fédération éthiopienne, afin de normaliser la fédération, feuille de route établie à la suite du renvoi du président de la fédération Ashebir Woldegiorgis par les autorités gouvernementales pour le remplacer par leur candidat, Ahmed Yasin. Un des points principaux de cette feuille de route est l'instauration d'une assemblée générale extraordinaire afin de régler la question de ce renvoi. De plus, les hauts postes de l'EFF doivent être cédés aux dirigeants reconnus de la fédération. La suspension de la fédération démarre le , le jour même où la fédération est informée de la décision de la FIFA. L'équipe nationale doit elle aussi subir la sanction internationale et est exclue des éliminatoires de la CAN 2010 après quatre rencontres disputées (2 victoires et 2 défaites). Elle déclare également forfait pour l'édition 2008 de la Coupe CECAFA. Les Walya sont de plus contraints de se retirer des éliminatoires de la Coupe du monde 2010, qui sont communs à ceux de la CAN 2010, avant que la FIFA ne prononce la suspension de la fédération, et le , l'ensemble des résultats de la sélection est annulé.

En , un vote lors de l'assemblée générale extraordinaire permet d'élire un nouveau collège de dirigeants pour la fédération, sous l'égide de la FIFA, qui avait mis ce vote comme condition sine qua none de la levée de la suspension lors de son Comité Exécutif en . La fédération internationale, satisfaite de l'organisation de cette assemblée générale et de la tenue des élections, décide donc de lever l'ensemble des sanctions envers l'Éthiopie.

Pour son retour en compétition officielle, lors de la Coupe CECAFA 2009, les hommes d'Abraham Teklehaimanot finissent 3e de leur poule, avec une victoire aisée 5-0 face à Djibouti et deux défaites contre la Zambie et le Kenya. Lors de l'édition suivante, les Walya atteignent pour la première fois depuis 2005 le dernier carré de la compétition.

En , la fédération décide de limoger le sélectionneur, l'Écossais Ifem Onuora, seulement neuf mois après son intronisation, à la suite de la défaite 4-0 des Walya face au Nigeria lors des éliminatoires de la CAN 2012 à Abuja. Onuora n'a dirigé la sélection que durant onze rencontres pour un bilan de quatre victoires, un match nul et six défaites.

Le mois suivant, l'EFF nomme l'ancien sélectionneur du Zimbabwe et de la Namibie, le Belge Tom Saintfiet au poste d'entraîneur de l'équipe nationale. Néanmoins, Saintfiet quitte son poste au bout de cinq mois, invoquant des promesses non tenues par les dirigeants fédéraux lors de son entrée en fonction. L'Éthiopie a disputé quatre rencontres sous ses ordres, dont un match nul 2-2 face au Nigeria, ce qui empêche notamment les Super Eagles de se qualifier pour le tournoi continental en Guinée équatoriale et au Gabon.

Une phase finale de CAN en trompe-l'œil (2011-)

Sous la houlette de son nouveau sélectionneur, l'Éthiopien Sewnet Bishaw (déjà à la tête des Antilopes entre 2005 et 2006), l'équipe nationale se qualifie pour la phase de groupes des éliminatoires de la Coupe du monde 2014 après avoir éliminé leurs voisins somaliens (0-0 à l'aller à Djibouti et victoire 5-0 au stade d'Addis-Abeba). Elle se retrouve au sein du groupe A en compagnie des équipes d'Afrique du Sud, du Botswana et de République centrafricaine.

L'Éthiopie arrache le match nul à Rustenburg en Afrique du Sud lors de la première journée de ces éliminatoires, sur le score de 1-1, avec un but marqué par le joueur du club égyptien du Wadi Degla SC, Saladin Saïd puis s'impose à domicile 2-0 face à la République centrafricaine, avec un doublé de Saladin Said. Ces bons résultats permettent aux Walya de se positionner en tête du groupe avant le début de la CAN.

En Coupe CECAFA des nations, l'Éthiopie confirme ses progrès sportifs en atteignant les quarts de finale de l'édition 2012, cédant face à l'Ouganda sur le score de 2 buts à 0, après une édition 2011 ratée (dernière de la poule du premier tour derrière le Malawi, le Soudan et le Kenya sans remporter un seul match).

Lors des éliminatoires de la CAN 2013, disputés selon un format inhabituel de matchs aller-retour à élimination directe, l'Éthiopie affronte et élimine lors du premier tour le Bénin, grâce à un match nul 1-1 obtenu au stade de l'Amitié de Cotonou après une première manche achevée sans but marqué. Au deuxième tour, elle se retrouve face à la sélection soudanaise (quart-finaliste de la CAN 2012) et, de nouveau grâce à la règle des buts marqués à l'extérieur, elle se qualifie pour son premier tournoi continental depuis 31 ans (défaite 5-3 à Khartoum puis succès 2-0 à Addis-Abeba). La campagne de préparation des Walyas confirme le bon état de forme des hommes de Bishaw, avec deux victoires face à la Tanzanie (2-1) et au Niger — autre qualifié pour la CAN 2013 — (1-0) ainsi qu'un match nul prometteur face à la Tunisie (1-1) lors d'un match joué à Al Wakrah au Qatar.

Composition des équipes du match Éthiopie-Zambie, premier tour de la CAN

L'Éthiopie démarre la phase finale de la Coupe d'Afrique dans le groupe C, très relevé puisqu'elle est en compagnie du tenant du titre, la Zambie, des Super Eagles nigérians et du Burkina Faso. Une qualification pour les quarts de finale serait vu comme une superbe performance mais les hommes de Bishaw abordent leur premier match sans complexes. Ils arrachent le match nul face aux Chipolopolo zambiens, grâce à un but de l'inévitable Adane Girma dans un match où le gardien éthiopien, Jemal Tassew est exclu en première mi-temps. Le second match tourne à la déroute avec un revers 4-0 contre le Burkina Faso, qui joue lui aussi à 10 pendant la dernière demi-heure, ce qui ne l'empêche pas de marquer trois buts. La dernière rencontre face au Nigeria voit les Walya s'incliner deux buts à zéro, avec un doublé sur penalty de Victor Moses en fin de rencontre. Avec un seul point, les partenaires de Saladin Saïd se classent derniers de leur poule, dominée par le Nigeria et le Burkina Faso, qui se retrouveront à nouveau lors de la finale de l'épreuve.

Bishaw veut rebondir après cette participation à la CAN et poursuivre sur sa lancée lors des éliminatoires pour le mondial brésilien. Ses joueurs s'imposent à deux reprises contre le Botswana (1-0 à domicile puis 2-1 à Gaborone). La sélection parvient ensuite à battre son principal rival pour la première place, l'Afrique du Sud, à Addis-Abeba. Ce succès leur permet alors d'assurer leur qualification pour les barrages, dernière phase des éliminatoires. Mais quinze jours plus tard, la CAF annonce la prise en compte d'une réclamation de la fédération de République centrafricaine concernant la non-qualification d'un joueur éthiopien aligné face aux Fauves du Bas-Oubangui. La sanction tombe : l'Éthiopie perd la rencontres face aux Centrafricains sur tapis vert et relance du même coup les Sud-Africains, qui gardent un espoir de qualification. Cet espoir est rapidement anéanti par une victoire éthiopienne en République centrafricaine en septembre, qui envoie les Antilopes en barrages. Le tirage au sort les oppose à l'un des favoris, le nouveau champion d'Afrique, le Nigeria. Le match aller est décevant avec une défaite 2-1 à Addis-Abeba, malgré une ouverture du score par Behailu Assefa et la deuxième manche, jouée à Calabar, confirme la supériorité des Super Eagles, qui s'imposent deux à zéro et obtiennent leur cinquième qualification pour une Coupe du monde.

Malheureusement pour l'Éthiopie, l'espoir d'une qualification pour une nouvelle phase finale reste sans lendemain. Au niveau continental, elle ne sort pas de son groupe de qualifications lors des éliminatoires pour la CAN 2015, tout comme deux ans plus tard, pour la CAN 2017. Quant à la Coupe du monde 2018, son parcours s'arrête prématurément dès le deuxième tour face au Congo, après une qualification laborieuse contre la sélection de Sao Tomé-et-Principe. Cette succession de mauvais résultats voit la fédération changer à plusieurs reprises de sélectionneurs : trois techniciens ont occupé le poste en trois ans, après le départ de Sewnet Bishaw.